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vendredi 29 novembre 2013

Oh mon amour, oh mes amours

Un livre ouvert, puis fini d'une traite 2h30 après ?! Cris de joie !



Nouons-nous d'Emmanuelle Pagano, titre dont j'ai mis du temps à comprendre le jeu de mots, mais je suis lent à la compréhension, n'est pas un roman, mais en fait je sais pas trop ce que c'est, ni si on peut savoir, ni si ça vaut la peine de savoir. C'est pas du tout un essai, ni une autobiographie. Ca pourrait ressembler à une sorte de long poème en prose (mais c'en est pas un) si on enlève du mot poème le côté peut-être parfois opaque, obscur ou travaillé: ici c'est clairement travaillé, mais pour aboutir à une limpidité qui fait que ça se boit comme du vin blanc (c'est meilleur que le petit lait).
On va dire que c'est des fragments, qui font entre quatre lignes et une page. Au début, j'ai cru comprendre mais pas du tout: j'ai cru qu'un homme parlait de la femme qu'il aime, puis la femme parlait de lui. Eh ben non: c'est pas "un", ni "une" ! C'est donc en fait une multitude d'hommes, jamais nommés, qui évoqueront un aspect, un moment, un souvenir, un présent, de la femme qu'ils aiment, ou ont aimé. Et réciproquement, des femmes, jamais nommées, évoqueront aussi un instant, un fragment. Au final, c'est soit une litanie, des gens parlent d'amour et parlent d'amour et parlent d'amour et parlent de leur amour, de comment ou quoi ou pourquoi ou de quelle façon ils aiment ceci, cela, elle, ça chez elle, chez lui, mais sans vraiment d'explication, c'est juste des choses dites, des mots très simples mais très forts, très doux, mis sur des instants qui contiennent bien plus qu'eux mêmes, puisqu'instants amoureux. Ca peut aussi être vu comme une série, pas au sens de suite, mais d'enfilade: un kaléidoscope: voilà, des gens parlent, peu, de l'amour qu'ils éprouvent, ou de l'amoureux-amoureuse qu'ils côtoient ou ont connu, et il s'agit juste de les écouter, chacun(e) parlera peu, mais dira vraiment beaucoup, et la somme de ces beaucoup, c'est au lecteur de la déduire.
Et c'est là que c'est magique: parce qu'alors on oscille constamment, sachant que ne pas lire le livre d'une traite paraît bien peu humain, entre la fascination de l'écoute, parce qu'écouter cela moi je voulais que ça ne s'arrête jamais, et le trouble délicieux de l'assimilation: ah oui ça je l'ai connu aussi, à ma manière, ah oui ça j'aurais bien aimé connaître, je n'y avais jamais pensé, ah oui ça finalement en le lisant-l'écoutant j'ai quand même l'impression de le vivre, de le toucher d'expérience.
Alors ivresse, alors souvenirs, alors rêveries, alors espoirs de métempsycose, alors regards dans les rues, vers le ciel les yeux la nuit le gris le froid mais sourire aux lèvres. Aborder la fin de l'année avec et après ce livre, ça efface, ça redit, ça crée constance. Non-roman de l'année, te voilà enfin, sois fort bienvenu...

Une ptite ancienneté de msieur Miossec pour faire écho paradoxal au livre, j'ai toujours été fasciné par cette chanson, qui crie de l'amour en pleurant perte et fracas, et en grognant, mais d'amour ! Vu d'aujourd'hui, elle me fait parfois penser à ***, et puis à  ***, aussi à  ***, pas à  ***, mais aussi beaucoup à  ***...alors j'aime vraiment beaucoup beaucoup, tout ce temps des après.






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